Le 25 mars de l’an 773, la 6e édition du traditionnel Congrès des Arts arcaniques et occultes fut tenu dans la cité de Pontcaric en Griveton. À la base, cet évènement visait à étaler tout le savoir acquis par le Conclave dans la dernière année, ainsi qu’à festoyer et saisir de nouvelles opportunités pour les mois à venir. Il y fut donc promis la présence de nombreux conférenciers, ainsi que des démonstrations hautes en couleurs, mais également le dévoilement d’une découverte comme nulle autre à la fin de la soirée.
Par habitude, le congrès n’est pas incroyablement regardant quant à ceux qui « s’invitent à la fête » en plus des sommités prévus. Étant une occasion prévue pour vanter les mérites des grands esprits et de l’élite du royaume, plus il y a de témoins, mieux c’est… tant que ceux-ci ne font pas de trouble.
Cela étant, il est tout de même question du Conclave : le royaume le plus hostile en Bélénos. Aucun des rares déistes qui furent invités (toujours dans un soucis de leur démontrer la grandeur des Néoviens) ne sauraient qualifier leur séjour d’agréable. Et ceux qui eurent l’idée de s’y infiltrer pour espionner les découvertes faites ne parlent aujourd’hui que d’une expérience plus pénible encore.
Une rumeur surprenante courait lors de l’évènement, selon laquelle la comtesse de Griveton, Krabsz Ingni, voulait quitter le Conclave et rejoindre ses anciens compatriotes chez les Croisés de Dagoth. La solidité de cette rumeur tenait sur une longue accumulation de faits : Krabsz avait toujours refusé la pression du Conclave pour être transformée en demi-morte, avait vu la régence néovienne lui demander de raccourcir son nom (anciennement imprononçable selon l’opinion de Néovia et de son Conseil), avait surtout rejoint le Conclave par hargne envers Gabrielle d’Amerolles et faisait partie du Garm de Dagoth : un régiment avant tout fidèle au rêve de l’ancien conquérant de Bélénos. Avec le retour des vétérans de l’armée de Dagoth et de l’une de ses plus brillantes générales, plusieurs se demandaient combien de temps l’allégeance de Griveton pour Néovia tiendrait. La reine vampire était certainement au fait de cette possible traîtrise, et fit savoir à qui le voulait qu’elle ne considérait pas Krabsz comme faisant réellement partie du Conseil.
Pendant la fête, la rumeur se transforma en course aux appuis où il ne fut pas surprenant de voir les démonistes alignés avec le Conclave se positionner contre une éventuelle sécession, et ceux alignés avec Blanche de Sénicourt promettre à Griveton leur aide si le comté venait à les rejoindre. Ce qui fut plus étonnant fut de constater des appuis provenant d’Aurélois et de Champagnolais qui étaient prêts à aider ce geste. Peut-être avaient-ils des engagements à tenir envers la généralissime des Croisés ou espéraient-ils que le chaos qui s’en suivrait serait plus grand que l’aide apportée ? Seul l’avenir nous le dira. Il fut également surprenant de voir sir Henry de Sombrecolline, régent actuel de Prospérance, avouer son opinion selon lequel Griveton n’avait pas sa place au Conclave. Quoiqu’il n’eut pas nécessairement tort au final, nous ne doutons pas que son entourage aura à fournir une longue explication à Néovia Zarathan pour justifier cet aveu.
Un tournoi fut tenu pendant les festivités afin de déterminer qui serait le plus apte à entraîner les troupes fraîches de Griveton. À l’issu des combats, c’est un Amaï – Aydayis de la maison Telenna – qui remporta les honneurs.
Suivant les rumeurs de sécession, plusieurs se demandent cependant ce qu’il adviendra de ce poste, car un Amaï ne trahirait jamais le Conclave pour un allié du Trône.
Il fallait être des convives pour connaître tous les détails de chacune des conférences et démonstrations qui prirent place au Congrès, car il serait beaucoup trop long d’énumérer tous les moments intéressants que l’on pouvait y vivre. Cependant, sachez qu’il fut question de nouvelles recettes et de nouveaux sorts, de cristaux réactifs étranges découverts en 772 à Francourt et de la première transformation d’une nouvelle lycanthrope d’Ottor-Kom.
Afin de faire mousser les festivités et sa propre réputation en tant que procureur d’objets rares, le Marché de Prospérance proposa un jeu de hasard : un encan où différents artéfacts et objets de collection seraient présentés sans autre identification que leur nom. Certains avaient de réels pouvoirs, tandis que d’autres les avaient perdus depuis longtemps ou n’avaient jamais eu d’autre valeur que leur rareté. Il était certainement possible de trouver des indices ou de déduire la vérité en faisant parler vos chads et vos faveurs, mais la chose n’était certainement pas aisée.
À la fin de la soirée, plusieurs seront repartis avec le sujet de leur prochaine vente au marché (s’ils ne sont pas collectionneurs et souhaitent se refaire un peu), tandis que quelques rares élus auront su tirer leur épingle du jeu. Toutes nos sympathies à ceux qui ne reviendrais pas avec l’objet de leurs désirs.
Au dénouement de la soirée, la découverte promise fut dévoilée : un fragment de cristal polychrome dérobé à la cité d’Eseldorf grâce à un plan soigneusement élaboré pendant des années et dont l’instigateur souhait rester anonyme. La porte-parole de la comtesse expliqua que les espions avaient rapporté deux autres fragments et découvert qu’une part de la Cité grise semblait figée dans le temps. Cette situation était selon eux liée aux fragments trouvés, car les autres cristaux colorés semblaient générer le genre d’immobilisme aperçu à Eseldorf dans un petit rayon autour d’eux. L’un des espions avait d’ailleurs payé de sa vie pour que ses confrères puissent rapporter tout cela.
Ensuite, dans un spectacle aussi effrayant qu’étonnant, la porte-parole de la comtesse fit approcher deux esclaves venus tout droit de Banceint, la prison de Pontcaric. On fit alors comprendre à l’assemblée qu’ils s’apprêtaient tous à être témoins de l’incroyable : la création d’un cristal réactif. Le premier esclave fut ainsi forcé à prendre le fragment exhibé et, après une courte attente, une lueur bleutée commença à grimper très lentement le long de ses mains, qui prirent doucement un aspect de plus en plus cristalin, tandis que le pauvre bougre se tordait de douleur. On ne put voir l’entièreté de la transformation, mais on fit comprendre aux invités présents que le processus se complétait en une heure environ et que la victime n’y survivrait pas.
Une fois la démonstration terminée, la présentatrice se fit un point d’honneur de faire comprendre à tous qu’Eseldorf faisait ce genre d’expérience depuis un moment déjà, probablement avant la Guerre des Faux-Prophètes et le règne de Dagoth, et qu’ils avaient déjà trouvé le moyen de briser la stase qui entourait le fragment présenté. Elle déclara que quiconque aiderait le Conclave à faire de même serait récompensé à la hauteur de sa contribution.
« Qui refuserait une invitation à un Congrès arcanique et scientifique se déroulant dans le comté de Griveton? Sûrement pas la nouvelle rectrice de l’académie de magie Akuma, la plus grande et la plus ancienne des académie de magie du Conclave. La soirée qui s’annonçait intéressante fut toute autre, puisque sous le séminaire se cachait un autre but, un but plus politique : la comtesse de Griveton avait décidé qu’elle se retirait du joug de sa majesté Néovia Zaratan et ce avec l’aide de certains de ses acolytes du Garm de Dagoth ainsi que de sir Henry de Prospérance.
La plupart des gens présents n’étaient là que pour se pavaner et demander des faveurs de la part des sommités tels que moi-même, ou encore le comte d’Arlon, ou tout simplement sa majesté impériale. De plus, les « invités » s’intéressent très peu au congrès Arcanique et scientifique et ne cessaient de manigancer ensemble pour de futurs projets occultes. Alors que certains mages auraient pu profiter de cette soirée pour échanger sur les nouvelles découvertes, certains ont simplement décidé de rester à leur table et de boire. En somme, ce fut aussi ennuyant que lorsque j’ai brûlé un priant de l’ordre sans défense lors de la dernière guerre.
Avec regrets. »
– Lady Sophia Markov
Rectrice de l’académie Akuma, baronne de Stensia et Témoin de l’ascension daggaroise